A retenir:
Le 8 août pour la saint Dominique, la messe sera célébrée par Monseigneur Brunin, évêque de Corse.
Au moment de l'apéritif offert par l'association toute personne qui le désire pourra le rencontrer.
Voir le diaporama en bas de page.
Allocution prononcée par le responsable de l'Association Castel d'Acqua , Antoine Risticoni , lors de célébration de la messe par Monseigneur Brunin évêque pour la Corse.
P.E., depuis le début de l’année c’est la 4° fois que j’ai le plaisir
de vous rencontrer mais aujourd’hui à ce plaisir s’ajoute une pointe de fierté car cela se passe dans mon propre village d’une part et d’autre part parce que l’association dont je suis le responsable est à l’origine de votre visite.
Je voudrais donc vous dire combien votre présence nous flatte et nous remplit de bonheur.Ce bonheur est d’autant plus grand que la St Dominique que nous célébrons aujourd’hui était une fête en sursis.
A San Gavino nous aurions dû avoir deux fêtes patronales puisqu’il y a deux églises.Une dédiée au saint dont le village porte le nom : San Gavino et l’autre : celle où nous sommes,dédiée à l’Annonciade comme on dit chez nous .Et pourtant depuis plus de 25 ans, dans notre village, la fête qui est célébrée avec le plus d’éclat est la Saint Dominique.
Par quelle alchimie en sommes nous arrivé Là ?
Je puis vous garantir que dans le creuset de cette transformation, ou plutôt ce cette évolution, il n’y a eu ni ignorance, ni oubli ni même reniement.
En ce qui concerne San Gavino les gens d’ici savent très bien que cet homme était un centurion romain ; qu’il était originaire de Sardaigne et qu’il a été victime de la grande persécution menée par l’empereur Dioclétien..
Mais ce que l’on veut retenir en priorité de sa vie ce sont ses qualités humaines : son sens profond de l’écoute, du dialogue et de la justice accompagné d’une grande détermination et d’un grand courage.
Lorsque il reçoit l’ordre d’exécuter un groupe de personnes à cause de leur appartenance à la nouvelle religion, plutôt que de se cacher derrière le règlement, plutôt que d’exécuter aveuglément les ordres venus d’en haut, ce centurion préfère entendre lui-même le responsable des personnes qu’il doit exécuter afin de dialoguer avec lui.Il veut connaître les exactions et les crimes qu’ils ont pu commettre pour mériter ainsi le châtiment suprême.Toute la nuit précédant le jour de l’exécution il est resté à son écoute.Pendant toute cette nuit là il n’a entendu parler que d’équité de justice et d’amour au nom d’un certain Jésus de Nazareth.Le centurion Gavino subjugué par ce qu’il a entendu refuse d’obéir a des ordres qu’il trouve injustes, bien plus il décide d’embrasser lui-même la foi chrétienne. Ce qui lui vaudra le martyr
Voilà le saint que nos aïeux avaient choisi comme modèle et qu’ils vénéraient avec grande solennité le 25 du mois d’octobre.Quelques siècles plus tard le modèle a gardé toujours autant d’attrait mais la désertification des campagnes empêche la réalisation
d’une grande fête à cette date là car le village est vide de ses habitants.
Il nous restait la possibilité nous tourner vers l’Annonciade.
A ce propos, Je peux dire avec certitude qu’un grand nombre de jeunes -qui sont devenus pour la plupart des mamans ou des papas - savent qui est Marie.
Cette jeune fille de Nazareth qui vivait tout simplement et que Dieu avait choisie.
Cette jeune fille qui n’avait d’autres aspirations que celles des jeunes filles de son âge : fonder un foyer, avoir des enfants et vivre heureuse avec sa famille.
Le jour où à la fontaine un homme s’approche d’elle et lui dit : « Marie, je crois bien que je t’aime » c’est tout naturellement qu’une forte poussée d’adrénaline la fait rougir, elle baisse les yeux et elle sourit.
Quelques temps plus tard lorsque l’Ange Gabriel lui rend visite et lui annonce qu’elle a été choisie entre toutes les femmes pour porter dans son sein le fils de Dieu ce n’est plus d’une poussée d’adrénaline qu’il s’agit mais d’un véritable « big bang »intérieur qui la révolutionne entièrement .
Marie comprend que sa destinée n’est pas celle des jeunes filles de son âge.
Elle comprend qu’elle a été choisie depuis toujours.
Elle comprend que quelque chose d’irrationnel est en train de se réaliser : elle va devenir la fille de son propre Fils.
Elle comprend surtout qu’aux problèmes de toutes les mères va s’ajouter le problème d’être la mère de Dieu .Malgré cela cette jeune fille toute simple accepte avec humilité et noblesse d’affronter tout le bonheur et toutes les peines que cette situation va engendrer.
Quelques années plus tard, au pied de la Croix, en embrassant son Fils pour la dernière fois c’est l’humanité toute entière que Marie tient dans ses bras.
C’est là qu’elle devient « notre Regina e Madre universale « que nous chantons avec tant de ferveur et d’amour.
Le cœur de Marie est devenu une source abondante d’où s’écoule un ruisseau de charité de bonté et d’amour.
Le cœur de Marie est devenu plus beau et plus grand que le plus grand et le plus beau de tous les arcs en ciel..
Ces paroles se rapportant à Marie n’ont rien de bien personnel .Je viens de plagier en les entremêlant et en les romançant quelque peu deux poèmes concernant la Vierge.
L’un d’entre eux est très ancien. Il date du 13° siècle.Il est très conn , il a été traduit dans toutes les langues du monde. Il s’agit d’un extrait du dernier Chant du Paradis de la Divine Comédie, le plus célèbre des chefs d’oeuvre de la littérature italienne.
L’autre est beaucoup plus récent.Il a été écrit et mis en musique par un ami personnel.
A l’époque où le Père A.Baldini avait la charge de cette paroisse et où il me demandait parfois de procéder à une formation catéchétique accélérée ou de m’occuper de la préparation des différentes cérémonies qu’il venait célébrer,j’ai fait apprendre ce chant à ces jeunes et je leur ai tenu les propos que je viens d’énoncer. Je sais qu’ils y ont été très sensibles car pendant longtemps et récemment encore je les ai entendus en parler entre eux. Parfois j’en ai même surpris quelques uns fredonner ce chant dans les rues du village comme s’il s’agissait d’un tube à la mode.
C’est dire P.E. que, là encore, il n’y a ni ignorance ni oubli ni même reniement.Il y a seulement une fête à une date à laquelle l’exode rural enlève toute possibilité d’exister car c’est une période où notre village est vide de ses habitants.
Et voilà donc comment San Gavino avec ses deux églises et ses deux hypothétiques fêtes patronales s’est trouvé dans l’impossibilité de réunir l’ensemble de ses habitants autour d’une grande fête du village.
Fort heureusement au début des années 70 un esprit particulier a soufflé sur San Gavino.Grâce à l’enthousiasme et au dévouement d’une grande partie des gens et à la foi qu’ils avaient en ce qu’ils faisaient un stade a été créé.
Dans la spirale de cette dynamique une association est née et d’autres activités estivales se sont développées.Parmi celles-ci une fête du village comportant uniquement un concert de chants polyphoniques suivi d’un bal musettes ou disco qui durait jusqu’à l’aube.
Certains membres de l’association en parfait accord avec le Père A.Baldini ,ont pensé alors que dans un milieu chrétien une fête du village se devait de revêtir un caractère religieux.L’idée a été soumise aux gens qui se sont aussitôt enthousiasmés puis mobilisés pour la réalisation de ce projet et c’est cette fête là que nous célébrons aujourd’hui.
Au début tout allait très bien .Cette fête suscitait une grande ferveur aussi bien dans sa préparation que dans son déroulement. Puis pour les besoins du diocèse le Père Baldini a été appelé ailleurs.Après son départ les choses ont évolué avec plus ou moins de bonheur.Le règlement a parfois pris le pas sur la Parole. La St Dominique a perdu son statut de fête du village pour devenir fête d’association appelée, à disparaître avec celle-ci.
Grâce à votre présence aujourd’hui,P.E. l’alchimie dont je parlais au début trouve son aboutissement. Désormais, même lorsque l’association disparaîtra la St Dominique perdurera. Le soir de ce jour là les gens n’iront plus sur le stade écouter de la musique et danser , mais dans la matinée les cloches auront sonné à toute volée pour appeler les gens du haut et du bas du village ainsi que ceux des différents hameaux à venir se rassembler autour de l’Eucharistie .Avant d’entrer dans l’église et à la sortie encore tous ces gens là pourront se rencontrer ,échanger un regard,un sourire une poignée de main,se faire une bise.Ils pourront prendre des nouvelles de ceux qui sont absents parce qu’ils sont trop âgés ou malades ou tout simplement retenus par leurs obligations professionnelles pour être là.Il pourront parler du temps présent passé ou futur . Ils pourront même décider de se revoir car cette fête tombe au beau milieu de leurs vacances et ensuite ils rentreront chez eux avec du soleil et de la joie plein le coeur.
Cela P.E. n’aura été possible que parce qu’aujourd’hui vous êtes là, parmi nous.Et c’est pour cette raison que nous sommes fiers et heureux.
Nous sommes fiers d’avoir eu la merveilleuse idée, un jour, de faire en sorte que notre fête du village se déroule principalement autour de l’Eucharistie .
Nous sommes heureux de savoir que désormais grâce à « votre désir et à votre volonté,je vous cite,de voir le prêtre modérateur responsable de la paroisse venir célébrer cette fête « cela continuera à exister pendant très longtemps encore.Le but principal de notre association qui est de faire en sorte que les gens se rencontre dans un esprit de franche amitié sera ainsi réalisé.
Et voilà pourquoi,P.E., nous vous exprimons toute notre gratitude et nous vous disons un grand, un très grand merci.
Puisque c’est le moment des remerciements je voudrais me tourner vers le père Christophe , notre nouveau prêtre modérateur qui a célébré aujourd’hui chez nous pour la première fois mais qui s’était déjà déplacé si gentiment pour suivre notre préparation et nous dire ce qui allait et ce qui n’allait pas.
Merci aussi au père Ambroise,jeune prêtre du Sénégal en vacances dans notre région et toujours disposé à rendre service.
Merci également au diacre Jean Vitus d’avoir participé à cette cérémonie.
Je ne voudrais pas oublier toutes ces personnes du village qui depuis une vingtaine de jours se rencontrent tous les soirs pour la préparation de cette fête, musiciens et chanteurs.Ils n’ont rien de professionnel mais leur spontanéité et leur engouement sont un encouragement à poursuivre.Il y a eu peut être quelques fausses notes mais ils ont participé, il l’ont fait avec beaucoup d’enthousiasme et c’est là l’essentiel.
Un merci particulier à Richard le guitariste.Tu as eu beaucoup de patience mais j’ai vu que tu l’as fait avec tellement gentillesse de plaisir.
Merci doublement à toi Anne Christine pour avoir grandement relevé notre cérémonie et surtout, surtout pour voir rendu particulièrement heureux un homme de 99 ans.
Tout le monde a compris que je parle du pépé Vincent.
Cela fait plusieurs années qu’il me demande de te faire chanter.Mais la vie ressemble parfois à une partie de belote en ce sens que lorsqu’on n’a pas la main , on participe au jeu,on le subit parfois mais on ne décide de rien. Tout le monde souhaite que Vincent vive encore très longtemps.Et tous au village nous aimerions fêter son 100° anniversaire en lui dédiant notre fête du 8 août 2009 et j’ose me tourner vers le P .E. pour lui dire que s’il s’est trouvé bien chez nous et s’il est libre ce jour là il pourra revenir pour cette occasion exceptionnelle.Notre centenaire en sera plus que ravi et nous autres fidèles nous le serons tout autant.
Merci aussi à toutes ces personnes de San Gavino et des autres villages qui se sont déplacées en nombre pour participer à cette Eucharistie C’est la marche vers l’interparoissialité.
Il serait ingrat d’oublier tous les bénévoles qu’ils fassent partie ou non de l’association qui se sont mobilisés pour la pour réussite de cette fête.Quelqu’un de l’extérieur voyant autant de personnes se dépenser sans compter et avec autant d’enthousiasme disait que vous étiez une catégorie de dinosaures, comprenez par là : une espèce en voie de disparition.
En ce qui me concerne je voudrais vous dire tout mon bonheur de vivre avec vous au temps de ces DINOSAURES là.
J’ajouterai enfin qu’à l’issue de la cérémonie, tout le monde est convié à l’apéritif et au buffet offerts conjointement par la municipalité et par l’association.
Ainsi nous pourrons rester ensemble encore plus longtemps.
Nous avons été très heureux et très honorés par l'acceptation immédiate du Père Evêque de revenir à San Gavino le 08 Août 2009 pour participer au centenaire du pépé Vincent.
Nous espérons déjà qu'il y aura grande foule.